Éphéméride 340 : Laïcité

Pour discuter sur une loi “de fin de vie”
Le Président a réuni tout un aréopage
D’archevêques, rabbins et grands mamamouchis ;
Mais il n’était personne parmi tous ces “sages”

Qui ne croyait en rien… on ne le conçoit pas !
Il est vrai que personne ne nous représente
Nous autres mécréants et nous n’existons pas,
Car cette société qui se veut “bienveillante”,

Ne reconnaît que ceux qui au moins ont la foi :
Un croyant criminel sera toujours mieux vu
Qu’un non-croyant, jugé comme sans foi ni loi,
Un rebelle, un impie, disant “le roi est nu !”

Cette France laïque, longtemps exception,
Quand elle eut mis au pas tous ses apostoliques,
Elle se distinguait dans ce bel unisson
Comme un vilain canard dans l’Europe biblique

Mais l’islam importé la mettra à raison !

Éphéméride 339 : Passé/Futur

Lassé de regarder en arrière, toujours,
Constater les dégâts commis depuis longtemps
À tout ce qui faisait de France les atours,
À tout ce qu’on voyait quand nous étions enfants.

Certains s’en vont très loin chercher le monde ancien
Dans des contrées perdues et vont s’extasiant
Sur la beauté des gestes et rituels païens
Sur la vertu de vivre dans le dénuement…

D’autres ici voudraient, avec la “décroissance”
Un pays dépouillé de sa modernité
France rapetissée, pays en déshérence
Pour satisfaire leur pulsion de cruauté.

Je veux oublier ça, regarder en avant
Vers tous ceux qui inventent, et qui ne pensent pas
Que l’Homme est comme un loup avec ses grandes dents,
Que le futur est dans les mains de dieu, d’Allah,

Mais qu’il faut le penser en dépassant tout ça… 

Éphéméride 338 : Al-Chimie

À l’Assemblée on s’invective à tour de bras
Et pendant ce temps-là les “Frères” s’insinuent
Dans les moindres rouages d’appareil d’État
Grâce à “l’Europe” dont les subventions affluent.

“L’Oumma”, aidée des “woke”, à l’Université
Étend son règne sur les plus jeunes esprits ;
Il est toujours facile de les diriger
Puisque l’école, avant, ne leur a rien appris.

Ce sable un peu grossier qui nous vient de la mer
Jeté dans la cornue mijotant la nation
Ne peut s’incorporer qu’en doses très légères
Si l’on veut parvenir à la transmutation.

L’Athanor dessiné à la règle, au compas,
Dont le foyer longtemps fut bien entretenu,
Est aujourd'hui rempli de cendres, de gravats,
Et si de l’Or encore on attend la venue

On pourrait n’y trouver rien qu’un conglomérat.

Éphéméride 337 : Chou blanc

Le peuple a défilé, les casseurs ont cassé
Les chiffres annoncés sont bien sûr différents,
Mais tout cela n’est rien : dans la Haute Assemblée
On a voté la loi, et tout va comme avant.

Les Syndicats ont pu faire démonstration
De leur force qui n’est que de la pacotille,
Même si cette fois, c’était à l’unisson :
Il ne faut pas toucher aux groupes qui nous pillent.

Dans ceux qui ont marché combien ont regardé
Le soir à la télé leur émission débile
Et combien oublieront encore de voter
Quand reviendra le temps de changer les édiles ?

Chaque matin, venant de l’AFP, la presse,
Reçoit la liste des sujets qu’il faut traiter ;
On y met un peu de couleur, mais la paresse
Fait que partout ce sont les mêmes chiens crevés

Qui font la “Une” entre deux pages de publicité…

Éphéméride 336 : Mardi noir

«  La France est arrêtée ! Le pays est bloqué ! »
Depuis deux ou trois jours, sans cesse cette antienne
Sur toutes les radios et toutes les télés…
Il n’est pas un instant sans qu’on ne nous l’assène !

Tous les gens du “ShowBiz” y vont de leur couplet
La GGT surtout devient l’épouvantail
Pour ces gens aux salaires plutôt gentillets
Et qui n’ont jamais su ce qu’est le vrai travail !

Ces parisiens nantis et leurs “dîners en ville”
Ces bateleurs de foire aimés du populo
Affichent leur mépris pour lui quand il défile
Eux pour qui le boulot est de courber le dos.

Ils n’ont pas dit un mot quand on nous confina
Ils sont venus masqués nous faire la morale
Et maintenant qu’on sait que ce fut du bla-bla
Ils viennent s’offusquer quand ils voient que la balle

N’est plus dans leurs studios, que le match est en bas ! 

Éphémérides” 335 : Torrent du temps

Piège de la lenteur qui sur moi se referme
En une époque où tout semble s’accélérant,
Comme si je tâtais du pied la terre ferme
Avant de me lancer dans le grand océan.

Il faudrait au tamis passer tout ce qui vient
Ce maëlstrom confus d’images et de son ;
Il faudrait se percher en haut d’un arbre ou bien
Plonger dans ce torrent pour en tâter le fond :

On y trouve mêlés à des graviers des restes
De poteries anciennes au milieu de tessons
Usés, polis, opaques, qui encore attestent
D’un passé oublié, jeté, qui se morfond.

L’eau du temps coule et certes n’est jamais la même
Et même le caillou que je suis dans son cours
Se retrouve changé un peu comme un poème
Oublié qu’on retrouve et qu’on relit toujours

Chaque fois différent et chaque fois trop court. 

Éphéméride IV - 334 : Anniversaire

On dirait aujourd'hui, à lire les journaux
Que l’Ukraine n’est plus une contrée parfaite,
Et la russophobie qui gagna nos cerveaux
Comme un autre Covid, semble faire retraite.

Staline, autre Alexandre, ou bien Napoléon,
De sa mort aujourd'hui terrible anniversaire !
Celui dont il fallait toujours citer le nom
À la fois dictateur, héros, et sanguinaire !

On en parlera peu : Poutine le Petit
De son prédécesseur n’a jamais l’envergure ;
Un peu comme chez nous fut Mitterand aussi
Incapable d’avoir la gaullienne carrure…

Aux Grands Hommes l’Histoire aura fait succéder
Des gnomes prétentieux qui finirent sans gloire,
Comme si le Destin aimait jouer aux dés
Et les peuples mettait dans une balançoire

Qu’ils relancent parfois sans pouvoir l’arrêter. 

Éphéméride 333 : Maltraitance

Ce brave La Fontaine était-il précurseur
De la “Cause Animale”, en nous mettant en scène
Des assemblées de toutes les couleurs

Faites des animaux dirigés par un lion ?

Aujourd'hui les humains sont devenus des bêtes
Et se laissent mener par le bout de la queue :
On les a convaincus qu’il était obsolète
De mettre une frontière entre animal et eux.

Tout, d’ailleurs, est dans tout, et réciproquement ;
Tout le mond le sait : la seule différence
Est qu’il est défendu de montrer aux enfants
Une girafe, un ours : c’est de la maltraitance ;

Mais envoyer mourir à la guerre des gens
C’est au contraire bien, c’est même souhaité
Par les bêtes féroces de nos dirigeants
Qu’on devrait mettre en cage et les faire admirer

Comme des spécimens d’espèce dévoyée !

Éphéméride 332 : Glaive des mots

Je suis de ce pays disparu maintenant
Cette Atlantide vue lorsque j’étais enfant
Quand j’allais embrasser la Belle au Bois Dormant
Les pas dans la farine tout comme Tristan.

On rêve bien longtemps de ce qu’on a perdu
Mais ce qui est passé au moins ne change plus :
C’est une fleur fanée mise dans un herbier
La pièce retrouvée qu’on ne peut plus changer.

Prêcheur dans le désert d’un monde virtuel
D’un avenir qui n’est qu’un vieux panier percé
Chaque jour je m’adonne au geste rituel
D’écrire quelques vers que je viens d’inventer.

Geste de l’exorciste au Satan des réseaux
Mur de mots élevé contre un flot de sottises
Archerie poétique montée aux créneaux,
Glaive levé sur les médias que je méprise,

Foudre de la colère envers tout ce troupeau !

Éphéméride 331 : Occupation

 

« En étrange pays dans mon pays lui-même »
Aragon l’écrivait, je ne peux trouver mieux.
Il parlait d’une époque à face de carême 
Envahie, qu’il voulait regarder dans les yeux.

Et je suis comme lui, mais de la Résistance
Il n’est guère aujourd'hui de soldat valeureux ;
Chacun ne se soucie que de son existence,
Il n’est plus rien de grand, plus d’avenir radieux.

L’occupant a séduit la jeunesse, et les vieux,
On se contentera de les mettre à l’encan,
Ou bien ils se tairont, et fermeront les yeux,
On n’aura pas besoin de les mettre en des camps.

L’ennemi est partout, il est comme chez lui,
Il n’a pas à brandir quelconque cimeterre
Puisqu’on vient le chercher, prétextant qu’il s’enfuit,
Même s’il a rempli chez nous des cimetières ;

Bientôt viendra pour nous l’heure de sa prière.

Éphéméride 330 : Binarité

“Feuilles d’Herbe” aujourd'hui ne sont plus de papier
Qu’en dirais-tu Whitman, toi qui les imprimais ?
Le numérique ne craint pas l’autodafé,
Et les vers en octets ne périront jamais !

Nous sommes dans une ère fantasmagorique
Où le “même” parfois l’emporte sur le vrai
On dessine le son, calcule la musique,
Montaigne taperait au clavier ses “Essais” !

Galilée le disait : c’est en mathématique
Que la Nature écrit les lois de l’Univers ;
Et la guerre elle-même, avec la balistique
Tue anonymement encore plus qu’hier.

En miniaturisant on met dans les oreilles
Du combattant tout comme du quidam
Des amplificateurs, et maintenu en veille,
On met sur ses lunettes des signaux d’alarme :

Tout comme sur l’écran des radars d’autrefois
S’affichent en tournant les sites à brûler
Où les drones iront en défiant les lois
Frapper ce méchant-là, le héros d’à côté : 

Le binaire est sans foi et sans moralité.